A ma collection de camping dans des plantations, je peux donc maintenant ajouter la bananeraie de kassava et de banane plantain, après les olives, les citrons et les oranges. Je sors de mon buisson tôt le matin, trouve une portion de porridge dans le village voisin et je suis prêt pour une autre longue journée sur les petites routes.
Je tombe sur un autre magasin de bord de route qui vend des mamacharis (vélos japonais). Ils ont encore leurs autocollants d'origine. Quand je demande au propriétaire comment il se les procure et pour combien, il me répond que quelqu'un les envoie depuis l'étranger, et qu'il les achète à 100 GHC l'unité. C'est l'équivalent de 37€ et ça me semble louche car c'est autant que le prix de l'occasion au Japon. Ce qui est sur c'est que ces vélos sont robustes et qu'ils pourront bien avoir plusieurs vies dans les campagnes ghanéennes.
Je prends ensuite la route de Kade, qui est toute petite et n'apparait que sur Open Street Maps et même pas sur Google Maps. Et , à ma grande surprise, je trouve une route qui est goudronnée! Mais seulement à moitié, car elle traverse ensuite une forêt avant de déboucher dans des palmeraies.
Le panneau "stoppons le travail des enfants” me rappelle quelque chose qui est arrivé quand je me suis arrêté dans un village pour prendre une collation. Il y avait ce stand qui vendait des trucs à manger sur le pouce, y compris des morceaux de kassava frits, géré par trois dames. Une petite fille était assise là aussi, sans doute la fille de l'une des dames, qui buveau son sachet d'eau tranquillement en me regarde avec de grands yeux. Quand les dames ont vu que je la regardais aussi, elles m'ont dit “Elle a faim et elle réclame de l'argent de votre part“, tout en cuisinant et en mangeant elles-mêmes. La petite fille était trop petite pour dire quoi que ce soit, et les dames se sont servies d'elle sans vergogne. Et j'ai horreur de ça quand des gens qui vivent bien demandent, sans aucune honte, de l'argent à des blancs juste parce qu'ils ont l'habitude d'en recevoir de leur part. Par leur comportement, c'est presque comme si ils me disaient que les blancs sont tellement riches et n'ont pas besoin de travailler, qu'ils viennent en Afrique juste pour distribuer leur argent en trop un peu partout. C'est pour ça que les zones touristiques en Afrique sont vraiment à éviter.
La route se poursuit sur un revêtement de mauvaise qualité, mais avec une barrière de péage. Ils disent que le gouvernement a mis en place le péage pour commencer, afin de recueillir des fonds pour ensuite reconstruire la route plus tard, entre Adeiso et Nsawam.
Comme d'habitude, les villages sont pleines d'églises mais aucune guesthouse. Ca n'est pas un problème et je m'arrête pour la nuit à une école de vide à Asuotwene. Les vacances scolaires se sont terminées la semaine dernière. Le directeur n'est pas là, mais une voisine, Elisabeth, me propose une chambre dans la nouvelle extension de sa maison pour la nuit. Lorsque le directeur arrive plus tard au cours de mes étirements, il m'accueille avec un “Je suis Presbytérien et elle est Pentecôtiste, alors personne ne vous fera de mal ici“. Je n'ai aucune idée des différences entre toutes ces branches de l'église.
Au Ghana, on ne demande pas quelque chose. On le "démonte". “Puis-je vous démonter quelque chose ? (Can I axe you something? axe(=hache) est utilisé au lieu de ask(=demander)) ” est la bonne façon de parler. On est jeudi et je vais arriver plus tôt que prévu à Accra. Le pays n'est pas très large par rapport à ses voisins géographique (tant qu'on oublie le Togo) et les routes sont rapides. Je me rapproche de la région d'Accra et la circulation va bientôt s'accroitre. Je profiter de mes derniers instants de paix relative jusqu'à Nsawam.
A partir de Nsawam, je suis sur la route principale d'Accra. La circulation n'est pas aussi chargée que ce à quoi je m'attendais mais je dois quand-même garder un œil sur le rétroviseur en permanence.
Alors que je me rapproche du centre ville, je tombe sur la route idéale pour entrer en ville et rejoindre mon hôte Osamu qui habite près de l'aéroport. Je vais suivre la route de l'Atome et les jardins botaniques. C'est là où toutes les institutions et les écoles en lien avec l'énergie atomique se trouvent.
J'entre sans problème dans la capitale, après avoir englouti un énorme ananas bien sucré. J'arrive à Accra sans avoir eu à me battre avec les voitures et autres mini-fourgonnettes.
A première vue, Accra me rappelle Johannesburg. Des grosses voitures coincées dans les rues et le standard (et les prix qui vont avec) européen dans les magasins. Je paie 15 GHC pour un petit panini dans une boulangerie Délifrance. C'est moitié moins que la quantité de nourriture que j'aurais eue sur la route pour 3 GHC. Mais la banku ne fait pas le poids face à la nourriture européenne...
J'utilise le wifi pour parler avec Aurélien, et celui-ci mentionne la pizza savoyarde qu'il vient de manger…Pas très gentil, n'est-ce pas? Pour me venger je me rends dans un supermarché dernier cri, du genre qui vous fait oublier que vous êtes en Afrique, où je trouve de röstis congelés et un très bon jambon. Avec 750g 200g d'un délicieux repas bien gras, mon estomac est finalement apaisé.
SÉJOUR À ACCRA
La principale raison de mon arrêt à Accra est la demande de visas pour les pays suivants. Celui du Bénin est facile, je l'obtiens le jour même pour 80 GHC (bien que l'ambassade ne se trouve à aucune des 2 adresses données sur internet). Je met de côté le visa togolais pour l'instant, il est moins cher et plus facile à obtenir à la frontière. Donc, je me dirige à la Haute Commission nigériane. Le visa Nigéria est sans doute l'un des visas africains les plus difficiles à obtenir; il partage ce triste podium la République démocratique du Congo et l'Angola. La demande de visa depuis le Ghana est réservée aux résidents du Ghana et le secrétaire me fait clairement comprendre que sans une carte de séjour et sans invitation de la part d'un nigérian, il y a très peu de chance que j'obtienne le précieux sésame. Il ajoute, d'une voix pleine de pessimisme, que je peux quand même tenter ma chance si je n'ai peur de dépenser 56€ pour rien.
Sur le moment, j'abandonne l'idée de faire la demande ici vu qu'il semble un peu moins impossible d'obtenir le visa à Cotonou.
Pour la soirée, Osamu a apporté du kimchi et du tofu fait par la communauté coréenne d'Accra. C'est délicieux avec le shoyu et le katsuobushi et cela me rappelle le Japon. Aussi, il m'a amené à l'école de la communauté japonaise où il enseigne et j'ai fait une présentation de mon voyage pendant la pause. Cela fait très longtemps que je n'ai pas parlé japonais et j’espère que les enfants ont apprécié les photos.
Je consacre également un après midi à mon vélo pour effectuer un nettoyage complet, qui devenait indispensable, huiler la chaîne et réajuster mes freins. Je roulais depuis Monrovia avec un pneu arrière quasiment à plat, reportant toujours un peu plus cet après-midi d'entretien par manque de motivation. Mais comme à chaque fois, je me sens bien lorsque j'ai fini et que mon vélo est propre comme un sou neuf et fonctionne parfaitement. Je sais que le fait de remettre à plus tard les petites réparations ne peut que se retourner contre moi au plus mauvais moment et dans des endroits inappropriés. Il reste encore la roue arrière qui à besoin d'être redressée, mais je vais laisser à un atelier le soin d'effectuer cette réparation.
PROMENADE DOMINICALE À ACCRA
Oh, tout en écrivant, je viens de découvrir que la place de l'indépendance est la deuxième plus grande place du monde après la place Tiananmen de Pékin en Chine.
Lundi matin, alors que je prévoyais de quitter Accra après avoir visité l'atelier de vélos en bambou, je change d'avis et je retourne à la Haute Commission nigériane. Que se passera-t-il si je n'arrive pas à obtenir le visa à Cotonou ? Je n'aurais alors plus d'autre que de contourner le Nigéria en bateau (si il y en a un), en avion ou à vélo via le Niger (pas très conseillé). Ou alors demander un autre visa pour le Ghana dans le seul but de pouvoir demander le visa nigérian. Ainsi, même si il y a peu de chances que je l'obtienne ici, je me suis dit que je devais quand même essayer.
J'ai imprimé un maximum de documents pouvant plaider en ma faveur: une lettre d'introduction, une assurance, une preuve d'achat et d'enregistrement de mon vélo, la page d'accueil de mon blog, mon itinéraire, les photocopies de mes autres visas, une liste de vaccin et une réservation d'hôtel acquittée au Nigeria (le moins cher que j'aie trouvé, à 80€ sur hotels.com).
Mon dossier d'application semble OK pour le secrétaire et il m'autorise à aller à la Banque pour effectuer le paiement (41€ 15€ pour “les frais de traitement bancaire”) avant de le soumettre. Les américains, les britanniques et les bulgares doivent payer le double des européens. “Revenez dans 2 jours“. Enfin une note d'optimisme, et j'ai maintenant 3 jours devant moi pour rattraper mon retard sur mon blog.
Je rend visite à Ibrahim à New Achimota. Celui-ci à créé un atelier qui conçoit desvélos en bambou. C'est une très bonne idée et ça à l'air de marcher vu le nombre d'exportations vers la Suisse et l'Allemagne. Pour un coût inférieur à celui d'un bon cadre en acier (350€ frais d'envoi), son équipe arrive à construire des cadres bambou personnalisés. Apparemment, le bambou est un matériau fantastique qui peut même être plié pour réaliser les tubes du bas du cadre, sans jamais casser. En plus ça à de l'allure.
J'ai aussi l'occasion de tester le vélo cargo, une construction unique.
L'atelier est situé sur une colline, offrant une belle vue d'ensemble sur Accra. La banlieue nord donne une impression de village tranquille.
Arrive le jour où je dois récupérer mon passeport à la Haute Commission nigériane. On me demande de "Repassez demain" sans aucune explication. J'occupe le temps en me rendant au centre commercial d'Accra, un mall tout ce qu'il y a de plus normal, qui donne à Accra une apparence très moderne. Il y a la clim' partout et c'est un endroit sympa pour passer du temps. D'ailleurs on m'a dit que le KFC (hors de prix, le poulet est le même que dans les rues, mais beaucoup plus cher) était LE lieu où emmener une fille pour un rendez-vous.
Le triste épilogue de me demande de visa pour le Nigéria survient lorsqu'on me demande de fournir un document supplémentaire, une "lettre de recommandation" de l'ambassade française, pour remplacer le permis de séjour au Ghana que je ne possède pas. Je rends donc une visite à l'ambassade de France, mais ils se contentent de m'avertir de ne pas me rendre au Nigeria. En aucun cas ils ne m’écriront la lettre étant donné qu'ils déconseillent à tous les français de se rendre là bas. Les nigérians ne feront rien sans cette lettre, alors j'ai perdu les frais d'application ainsi que 5 jours à Accra. Prochain essai, Cotonou. (indice: le visa nigérian est impossible à obtenir à Accra, mais relativement facile à Cotonou)
Il s’agit d’un très Nice et post intéressant.
http://m.spiegel.de/auto/fahrkultur/a-1037205.html
Vélo en bambou – vous trouverez peut-être cet intéressant.
http://m.. de/auto/Fahrkultur/a-1037205.html
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