Aujourd'hui nous devons entamer les routes annoncées comme étant mauvaises. Il n'y a pas de goudron de Bandajuma jusqu'à la frontière libérienne ,et j'espère que la pluie n'a pas trop ruiné les routes.
Tout comme en Guinée, on a peine à croire que cette route constitue le lien principale entre les deux pays. C'est beau mais ça n'autorise aucune circulation soutenue.
Presque tout le monde aime les photos en Sierra Leone. Alors qu'on entame une descente, j'entends “Flash moi !” derrière moi. Une dame qui ramasse du bois se tient debout avec un grand sourire. Ici les gens ne disent pas “prendre une photo“, ils disent “flasher“, de la même façon qu'en Inde, j'entendais très souvent l'expression “cliquer une photo“.
La route ne fait qu'empirer. Il y a parfois de grandes flaques d'eau de pluie boueuse qui sont impossibles à éviter. J'ai troqué mes chaussures fermées contre des tongs amphibiennes.
L'eau arrive parfois au niveau des mes sacoches basses. Elles ont vraiment intérêt à être étanches.
Cette eau boueuse n'est vraiment pas bonne pour nos chaînes. Johannes fait un arrêt dans un village pour nettoyer et huiler sa chaîne. Nous tombons sur des enfants survoltés qui sautent autour de nous, jouent à cache-cache avec la caméra, dansent comme si ils étaient possédés, se risquent à demander “donne-moi argent” avant de partir en courant, chantent des chansons de Pomouy, … il y a beaucoup trop d'énergie non canalisée ici.
Les chaussures ouvertes sont parfaites pour traverser les piscines d'eau, mais leur grand inconvénient, c'est la résistance quasi inexistante qu'elles offrent face aux insectes. Je me suis arrêté pour filmer une colonie de fourmis sur le chemin, car elles formait un genre de tuyau noir intéressant et impressionnant qui traversait la route. Elles avancent à une vitesse impressionnante, tandis que les soldats restent immobiles, avec la tête relevée de manière farouche, de chaque côté du “canal”, tels des policiers qui bloqueraient la circulation afin de faire traverser des enfants.
Je n'avais pas remarqué que certain soldats grimpaient sur mes pied. Et malgré leur petite taille, ils peuvent mordre très fort !
La route étroite reste agréable jusqu'à Potoru, le grand village du coin.
Alors que nous attendons sous un abri à Potoru que la pluie cesse, nous prenons la décision d'aller à l'île de Tiwai. Il s'agit d'un sanctuaire animalier et végétal situé à 15 kilomètres de (mauvaise) route, mais dans une direction qui diffère de la nôtre. Nous allons donc aller là-bas, dormir sur l'île, et revenir le lendemain.
Les l'île de Tiwai est une réserve naturelle située sur une rivière, la rivière Moa, qui trouve son origine dans le Fouta Djalon(apparemment, comme toutes les rivières en Afrique de l'Ouest). Avant d'être classé comme réserve pour la conservation de la faune, il y avait des mines en exploitation à cet endroit. Aujourd'hui, il y a un centre de recherche, même si il est resté vide cette année car aucun scientifique ne s'y est rendu. L'île accueille de nombreuses espèces de singes ainsi que de très rares hippopotames Pygmées.
Le tourisme commence à se développer aussi et il est possible de passer la nuit dans une des tentes en échange d'une poignée de dollars. Le seul moyen pour rejoindre l'île est le bateau. Nous y embarquons avec nos vélos pour un voyage de 5-10 minutes.
La première impression est que nous sommes vraiment dans la jungle au milieu de nulle part (zoom arrièreà l'adresse suivante (lien cliquable)), avec nos vélos. Il y a aucune route et rien sur l'île à l'exception du centre de recherche et de l'accueil des visiteurs avec ses tentes. Il n'est pas possible de se déplacer à vélo, même avec VTT sans bagages, les chemins d'accès étant recouverts par d'énormes racines ou cachés par des vignes vierges.
C'est la basse saison et nous sommes les seuls visiteurs. Ils sont en train de rénover le centre d'accueil des visiteurs et plusieurs charpentiers travaillent sur le site. Vu l'éloignement et l'impraticabilité du site, je doute qu'il y ait beaucoup de visiteur, même durant la saison sèche…
Une fois la nuit tombée, les charpentiers quittent l'île pour retourner dans leur village et on se retrouve seul avec le gardien de l'île (et un autre homme et une femme qui sont sortis de nulle part. Même sur une île inhabitée, il y a encore des gens qui sortent de la brousse). Nous mangeons nos 500 grammes de pâtes avant de faire un tour à pied dans la nuit (pas trop loin et surveillant notre grâce au GPS). Nous entendons plus que nous ne voyons les animaux. Parmi ceux-ci nous apercevons un serpent vert et quelque chose j’appellerais l'araignée-crabe marteau.
Le lendemain matin, nous effectuons une ballade avec le guide imposé. Même avec notre GPS sur une île de 12 kilomètres carrés, le gardien de l'île ne nous laissera pas marcher seuls à l'extérieur du centre d'accueil. Il nous raconte l'histoire de visiteurs français qui se sont perdu il y a quelques années et ont appelé leur ambassade. Ils ont été sauvés de l'extérieur en tirant tous les arrêts tandis que les guides locaux n’étaient pas au courant de la situation. Impossible de savoir si c'est une histoire vraie (l'île n'est pas couverte par le réseau téléphonique), mais en tout cas nous n'avons pas le choix, il nous faut prendre un guide avec nous.
Il faut payer celui-ci en plus de l'entrée du parc à 10$. Les prix ont doublé en 4-5 ans, mais ils sont encore bien en deçà de ce qui se pratique en Afrique de l'est où il ne pas surprenant de devoir débourser 100$ pour une journée dans un parc. A mon avis, Tiwai va vite les rattraper. Apparemment, ils ont déjà refusé de faire un sentier le long du rivage de l'île, car cela permettrait aux visiteurs d'avoir une chance d'apercevoir les rares et célèbres hippopotames nains. De cette façon, ils préservent leur activité d'excursion en bateau à haute vitesse (50$ par bateau), qui est la seule façon d'avoir une chance de les repérer.
Après deux heures de marche, nous avons vu des phacochères (enfin presque) et de nombreuses familles de singes (singes colobes et diamant), se sautant les uns après les autres dans les très grands arbres. L'ensemble nous a donné le sentiment d'être dans une jungle profonde.
D'habitude, j'évite les activités “touristiques”, comme les excursions et les visites, où il faut payer en $. J'ai toujours l'impression que les sommes demandées sont injustement élevée en comparaison de ce que je peux voir et expérimenter en me déplaçant, lentement, à vélo, dans les zones rurales, en prenant tout mon temps. Et je me dis toujours, "si on peut le planifier, alors ce n'est pas authentique". Mais cette excursion sur l'île, en dehors de notre itinéraire, en valait vraiment la peine.
Maintenant, nous avons juste assez d'argent pour acheter des aliments dans la rue pour les deux prochaines journées à vélo jusqu'à la frontière libérienne. Le ciel était bleu ce matin, mais à l'instant où nous nous asseyons dans le bateau, la pluie commence à frapper à nouveau …
Salut JP,
Cindy ici, vous vous souvenez ? Des pays-bas, vous me contacté sur l'email au sujet de règlements de visa. Vous êtes derrière avec affichage sur votre blog ? Vous devez avoir passé l'île de Tiwai certains il ya temps n'est-il pas ? Je l'ai aimé ici, bien que ridicule cher ! Mais vous avez une idée plus réaliste pour le pays que lorsque vous gardez en vélo sur les routes principales. La nature est merveilleuse ! Beaucoup de routes boueuses et les flaques d'eau: ()
Comment ça va? Où es-tu maintenant? Vous avez fait des amis, je vois. Sympa !
Profitez de la balade, soyez en sécurité,
Cindy
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Je pense que Tiwai était un prix correct pour un lieu touristique, mais les responsables jouent avec les règles et les prix 🙂