Les enfants s'habillent pour l'école, avec un uniforme vert ou bleu, tandis que je charge mon vélo et part pour Freetown. J'ai 10 kilomètres à faire jusqu'au port de Lungi, où le ferry m’emmènera directement dans la capitale Sierra-léonaise.
Je récupère une carte SIM locale en chemin, aussi bon marché que d'habitude, mais pas aussi facilement que d'habitude : le processus d'enregistrement nécessite de fournir une photo et ses empreintes digitales.
L'aéroport de Freetown se trouve à Lungi, à une heure de ferry, avec un départ toutes les 4 heures. La configuration idéale pour manquer son avion ou être coincé pour la nuit sans pouvoir rejoindre son domicile. Apparemment il y a, pour les plus pressés, des bateaux à grande vitesse à 100$, directement au départ de l'aéroport. Le site Web de "Visit Sierra Leone" fait un bon travail pour vous ôter toute envie d'atterrir à Freetown.
Freetown est situé sur une presqu'île dans l'océan Atlantique. Ce qui me surprend, c'est que cette péninsule va jusqu'à 600 m d'altitude, alors que le reste du pays est plutôt plat sur la côte.
Je dois me faufiler sur le ferry avec mon vélo parmi les passagers, les poulets et deux brouettes de noix de coco. Je peux ensuite me rafraichir le gosier à mesure qu'on approche de la ville, toutes portes ouvertes.
Je discute de mon voyage avec mes voisins. À la fin du trajet, j'entends quelques mots comme "sept mois" et "pneu de rechange" et je me rends compte que mon histoire est répétée en Krio tout autour du ferry.
Après la cohue pour sortir de la jetée, il y a une petite route en montée jusqu'à l'avenue principale. La ville à l'air d'être animée et cela contraste fortement avec les plantations de palmiers au travers desquelles j'ai pédalé jusqu'à présent. Je me réjouis à la vue des nombreux vendeurs de rue, je vais probablement trouver de la meilleure nourriture maintenant.
Le problème est que le terminal des ferries est à l'extrémité orientale de Freetown. Ma destination est Lumley, à l'extrémité ouest, où j'ai prévu de retrouver Johannes, que j'ai rencontré à l'ambassade libérienne de Dakar. Je dois donc traverser la ville la ville, avec ses marchés, ses vendeurs ambulants et ses voies rapides, en allant parfois aussi lentement qu'un piéton, parfois très vite pour rendre l'expérience aussi brève que possible. J'ai pris des vidéos qui seront peut-être compilées pour faire un montage sur les traversées insensées des capitales africaines, pas du tout faites pour les vélos. Les locaux l'ont bien compris, eux ne le font pas.
C'est très stressant d'être sur le qui vive pour réperer “tout ce qui pourrait arriver” tout en pédalent. Les taxis ont leur propre code de la route, les gens traversent la rue quand ils le veulent, ou utilisent celle-ci pour étaler leurs marchandises. Le trajet à travers la ville est assez long. Je traverse les marchés et la rue principale du centre. Il n'y a pas beaucoup d'alternatives car la ville s'étend le long de la côte, autour de la montagne qui se trouve au centre de la péninsule. Outre le bazar ambiant, certains chauffeurs de taxi m'interpellent par leur fenêtre “D'où venez-vous ?” tout en me dépassant. Chaque fois qu'un groupe de policiers se trouve à un carrefour, ils veulent voir mon passeport, … c'est juste du grand n'importe quoi.
Ça se calme un peu quand j'arrive sur le chemin de Lumley, une banlieue chic où Johannes est resté pendant deux semaines récupérer d'une blessure et d'une maladie. Grâce à son hôte Martin, nous pouvons loger dans une maison sur la plage, dix kilomètres plus loin à Lakka beach.
Nous quittons Lumley pour plage de Lakka. Grâce à Kendall, nous avons maintenant les photos traditionnelles de “nous entourés d'enfants africains ”.
Les enfants sont là à cause d'une sorte d'orphelinat chrétien. Quand je leur donne mon nom, ils font immédiatement le rapprochement avec “Jean le Baptiste”, et ils ne l'oublieront jamais. La Sierra Leone est un pays où l'Islam et le christianisme cohabitent très bien. Il y a des églises et des mosquées dans chaque village. La population est musulmane à 50%-60 % et Chrétienne à 30%-40%. Les mariages mixtes sont courants.
Nous pouvons nous reposer pendant quelques jours dans la maison de Martin, directement sur la plage. C'est une très belle demeure et ça ferait (ça l'a déjà été par le passé) une formidable destination touristique. Nous mangeons du bon poisson, il y a des ananas et des mangues à proximité, il ne fait jamais froid (les températures sont toujours entre 20° C et 25° C) et je termine la journée avec un bain de minuit dans l'eau chaude, sous les quelques étoiles visibles à travers la couche de nuages.
Au court des jours qui suivent, nous allons en ville pour faire du shopping. Le point central de Freetown s'appelle Pee-Zed. Chaque fois que je traverse Lumley, un des gamin m'aperçoit et commence à crier “John the Baptist!“. Alors toute la foule vient et me demande comment je vais.
Freetown est une ville qui n'a rien de spécial. Il y a une bonne ambiance, le centre est un grand bazar, les routes sont mauvaises, et les libanais possèdent tous les supermarchés et les magasins qui trop gros pour être gérés sans employés. Comme j'ai pu m'en rendre compte à Port Loko et à Lungi, ce n'est pas un endroit bon marché pour les touristes. Soit tu es riche et tu as un 4×4 avec chauffeur, soit tu es pauvre et tu dois courir sous la pluie pour attraper un véhicule (voiture ou fourgon) de transport public. Pour l'hébergement, les “voyageurs à petit budget” se retrouvent avec des prix correspondants à la première catégorie.
Ma carte de crédit est enfin acceptée par un distributeur automatique. Ils ont tous l'air douteux, surtout celui de la banque chinoise déguisée en banque locale. Le retrait maximum autorisé s'élève à 400 000 leones (70 €). Internet est vraiment lent partout et j'abandonne l'idée de mettre à jour mon blog ici. Je peux tout juste consulter mes mails sur Gmail.
Retour à Lakka beach, sans électricité et sans soucis …
Le courant dans l'océan est fort et il se trouve que la baignade est en fait assez dangereuse. Je sens vraiment les vagues essayer de m'emporter au large
Après trois jours de repos, nous sommes prêts à remonter en selle pour traverser la Sierra Leone.
Excellent article et histoire. Profitez et continuez à rouler en toute sécurité. D’un Krio Baba à New York.
J'ai entendu parler de que Sierra Leone a quelques-unes des plus belles plages en Afrique. Votre bord de mer « complexe » semble assez impressionnant.
Je suis d’accord pour la barbe. Peut-être que la série Face devrait être remplacée par une série Beard à partir de maintenant... 🙂
Je pense qu’il a de grandes chances de redevenir une destination touristique de premier plan lorsque les gens oublient d’associer le pays à la guerre civile et aux diamants du sang. Je ne renommerai pas Face pour Beard si je dois le renommer à nouveau plus tard pour la série Chewbacca ... 😉
Barbe génial ! et bien sûr, les histoires génial. Je suis tellement jalouse. Être en sécurité.
jaloux de... les histoires, je présume ? Enfourchez votre selle plus loin que kanton FR et faire le vôtre !