Après avoir passé presque 3 mois au Maroc, traversé le Sahara et erré un peu dans les terres intérieures du Sénégal où il fait très chaud, je me suis installé près de Dakar, à Mboro, où je pourrai passer du temps sur mon ordinateur portable pour compiler les vidéos que j'ai accumulées depuis la France. Je les télécharge petit à petit, en fonction des quotas alloués par Vimeo.
Nous sommes également allés faire un tour autour de Dakar et au Cap Vert / Cabo Verde, un archipel situé à 500 km au large de la côte africaine, dans l'océan Atlantique. Je n'en connaissais pas grand chose, mis à part qu'ils ont créé la surprise plus tôt cette année en passant le premier tour de la coupe d'Afrique des Nations en Afrique du Sud.
En moins d'une heure de vol depuis Dakar nous arrivons à Praia, la capitale située sur une des 10 îles du Cap Vert. Les Portugais l'ont utilisée pendant des siècles, au cours de la traite des nègres, comme un emplacement stratégique entre l'Afrique et les Amériques. De nos jours, on y produit plus grand chose (du vin), et la plupart des habitants travaillent dans l'industrie des services. L'archipel attire les touristes avec de nombreux vols directs depuis l'Europe. Par ailleurs, il me semble plus proche de l'Europe que de l'Afrique sub-saharienne, en termes d'infrastructure, d'habitudes, et de prix. Enfin, au sud de l'Europe, cela va sans dire. Je ne suis jamais allé au Brésil, mais le Cap Vert correspond à l'image que j'en ai.
Comparé à Dakar et son joyeux bordel, Praia semble jouir d'un niveau de vie bien plus élevé. On y trouve de délicieuses pâtisseries (dans des magasins avec des horaires d'ouvertures et la climatisation), très peu de vieilles voitures, et beaucoup de produits importés, en général depuis le Portugal. Nous avons testé la murène, le fruit de l'anacardier ou pommier cajou (dont la noix, fait intéressant, pend en dehors et en dessous du fruit) et nous avons pris l'équivalent local du taxi de brousse. Ils fonctionnent d'une façon plutôt étrange: au lieu d'attendre dans un garage ou dans une file d'attente de taxi que des clients arrivent, ils se baladent en ville pendant une heure ou deux en criant le nom de leur destination et ramassent les gens (le tout s'accompagnant inévitablement de négociations). Cela n'arriverait jamais au Sénégal où le prix du pétrole est un sujet de discussion à la mode.
A Dakar, j'ai gouté le pire café du monde (un mauvais café touba avec de grandes cuillères à soupe de lait en poudre), mangé un sandwich bœuf/pommes de terre et spaghetti, pris un taxi où tous les voyants du tableau de bord étaient allumés (comme pendant le démarrage, mais en permanence), visité le point le plus occidental de l'Afrique (continental) à Almadies et remarqué que le maillot de Messi, qui est d'habitude porté par la moitié des enfants, est moins populaire depuis que Barcelone a quitté la Champion’s League (j'ai même repéré un maillot du Dortmund) (celui de Marseille n'est pas rare non plus).
Dakar est une ville immense, mais elle m'a plu. Les sénégalais sont agréables pour une capitale impersonnelle, et les taxis qui vont partout rendent les déplacements faciles est pas chers (2 à 4 € pour une balade à travers la ville). J'ai fait une "tournée" des ambassades étant donné que le Sénégal est le dernier pays où je peux entrer sans visa avant la Namibie. J'ai commencé avec la Côte d'Ivoire où tout s'est très bien passé: la courte conversation a commencé par :
“-Et si... vous avez besoin d'une réservation d'hébergement et de la lettre invitation
– Hum … en fait je me déplace à vélo et je campe alors je n'ai ni l'un ni l'autre
– Ah OK, alors une photo suffira. Nous avons déjà eu 3 autres cyclistes qui ont demandé un visa ici.”
Un jour d'attente et 90 € plus tard, je reçois un visa de 3 mois qui démarre quand je le décide. Puis je me suis rendu avec optimisme à l'ambassade du Sierra Leone, où on m'a dit que je devais payer en espèce à quelqu'un de l'ambassade une “assurance pour mon vélo” de 90€, en plus des 80€ de frais de visa par virement bancaire… hmm hmm, ça sent l'entourloupe. Mon refus me donne droit à un "alors veuillez revenir dans 10 jours s'il vous plait“.
À ce moment-là, j'ai pensé ignorer cette ambassade corrompue et obtenir le visa dans une autre capitale. Mon itinéraire me fait passer par Banjul (Gambie), Bissau (Guinée-Bissau), Conakry (Guinée), Freetown (Sierra Leone), Monrovia (Libéria), donc en demandant des visas en avance plus tôt qu'au dernier moment, cela me laisse plusieurs options au cas où quelque chose se passerait mal. Mais à mon retour du Cap Vert, je me suis dit que je pourrais tenté ma chance à nouveau, motivé par le fait que j'ai déjà rempli tous les documents et que ce serait dommage de les jeter. Ils m'ont demandé plusieurs fois de "revenir plus tard” avec différents prétextes, et à mon dernier essai (l'ambassade du Sierra Leone est située sur le Plateau, le centre historique de Dakar constamment embouteillé, et ce n'est pas marrant de devoir s'y rendre), je l'ai obtenu directement sur place: 2 mois à compter de la date de la demande. C'est une victoire en quelque sorte d'obtenir ce visa, même si au final, j'ai juste déboursé une grosse somme d'argent pour obtenir le droit d'entrer dans un pays où je vais galérer sur les routes.
Le même jour, j'ai tenté d'obtenir le visa libérien. C'était un défi: réussir à traverser la ville deux fois, au milieu des embouteillages, avec un passeport, et rencontrer deux ambassadeurs, mais cela a fonctionné : la Dame à l'ambassade libérienne de Sacré-Coeur III était très gentille et m'a donné un visa de 3 mois à partir de la date de la demande. L'atmosphère dans le bâtiment de l'ambassade était super (j'ai rencontré un autre cycliste) et cela m'a aidé à oublier que je venais tout juste de payer 135€ pour un visa.
Près de Dakar, nous avons également visité le Lac Rose, un lac rose situé juste derrière les dunes le long de la côte utilisée pour la récolte de sel. La concentration en sel est plus élevée que dans la mer morte et c'est un plaisir d'y flotter. La couleur rose est due à une algue qui se retrouve souvent dans les environnements à forte teneur en sel. Nous avons le quad dans les dunes et, sans surprise, c'est carrément plus marrant que de pousser un vélo dans le sable.
Au cours de ce séjour, je suis tombé malade, pour la première fois. J'ai été pris de maux de tête insupportable accompagnés de vomissements. Je me suis rendu au dispensaire à Mboro pour faire un test rapide de dépistage du paludisme, qui heureusement s'est avéré être négatif. La vue de toutes les dames et des enfants qui attendent à l'extérieur de l'édifice dans la chaleur pour voir le médecin est assez forte pour me donner envie de ne pas être malade en ces lieux. Mais il m'a fallu de nombreux analgésiques et des antibiotiques pour me sentir mieux. Je ne saurai jamais ce que j'ai eu. Ils ont évoqué des noms tels que méningite, coup de chaleur spécial, etc. Alors j’espère que cela ne se reproduira plus.
Ayant fini de mettre à jour le blog et terminé le montage des vidéos, il ne me reste plus qu'une tache avant de reprendre la route. Je dois effectuer l'entretien de mon vélo et changer quelques pignons avec des pièces de bonne qualité que m'a fourni Busi. Comme les gens aiment à le répéter, "Dakar a tout“, mais le meilleur endroit que j'ai pu trouver pour l'entretien de vélo est un magasin du genre Décathlon. J'attendais Dakar, depuis Nouakchott, pour pouvoir nettoyer le capteur de mon appareil photo aussi. Tout ça parce que les mauritaniens m'ont dit que le prochain magasin que je trouverais pour faire ça ne se trouverait pas avant Dakar. Malheureusement le magasin vers lequel j'ai été orienté n'est qu'une petite pièce avec un homme installé derrière un bureau jonché de cadavre d'appareils photo. Il avait l'air compétent pour réparer tout et n'importe quoi mais je n'ai pas eu assez confiance pour lui laisser mon appareil toute la journée, dans cet endroit sale et poussiéreux. Au final je l'ai nettoyé moi-même avec un kit prévu pour ça et ça à marché: j'avais deux taches récalcitrantes qui faisaient des points gris sur tous les ciels bleus depuis le Maroc. Maintenant je n'aurai plus besoin de les effacer à la main dans Lightroom. J'en ai profité également pour vider un tube de répulsif à moustique sur mes vêtements pour les imprégner. Ça ne sert à rien de porter des vêtements long si les moustique peuvent me piquer au travers. Le liquide est sensé être suffisamment puissant ("portez des gants pour éviter les contacts avec la peau") pour durer trois mois ou trente lavage (la deuxième limite étant celle que j'atteindrai la première évidemment), alors j'espère que ça marchera bien.
Après avoir dissimulé des rayons, une brochette et de l'argent à l'intérieur du cadre du vélo, sous la selle, et à l'intérieur du tube de guidon, j'ai changé l'huile Rohloff étant donnée qu'il faut le faire tous les 5000 km. J'ai dû inverser le pignon aussi, car la transmission a 11000 km maintenant. Ce qui est magique avec le moyeu Rohloff c'est que le pignon peut être inversé pour pouvoir utiliser les dents de l'autre côté. Toutefois, pour retirer le pignon, il faut l'outil de démontage de pignon Rohloff, un petit morceau d'acier ridiculement cher (sauf si vous le fabriquez vous-même), une clé à chaîne, une clé à molette et beaucoup de force. J'avais entendu parler du retournement, une opération simple mais risquée : le pignon doit être tourné dans la direction opposée comme lors du retrait d'une cassette normale. Bigafricacycle s'y est mal prisau début et ça peut faire très peur: le moyeu Rohloff est en quelque sorte “sans problème” pour toujours, mais si jamais vous l'endommagez le seul moyen de le réparer est de le renvoyer en Allemagne. J'ai téléchargé la vidéo montrant l'opération pour être sûr de m'y prendre correctement, et je me suis rendu au magasin de vélo à Mboro où j'ai fait rectifier ma roue arrière quand je suis arrivé la première fois, étant donnée qu'elle était un peu déformée suite au changement de 3 rayons cassés.
Malheureusement le gars n'a pas de clé de chaine. Je visite ensuite les autres boutiques de mécanique, sans succès. Je reviens à la première, en soupçonnant que nous ne nous soyons pas compris mutuellement: c'est impossible qu'il n'aie rien pour enlever la cassette. Je m'arrange pour qu'il me montre comment il fait d'habitude et il comprends enfin. Hourra ! Enfin, c'est un hourra de courte durée, car il me montre un pignon détruit, un marteau et un burin. OK, donc c'est comme ça qu'ils font…mais aucune chance que je traite mon vélo de cette façon. Je suis très ennuyé car je vais peut-être devoir pédaler jusqu'à Dakar pour trouver un technicien compétent avec les bons outils, et je ne veux pas allez à Dakar en vélo. Dakar est situé à l'extrémité d'une péninsule, avec un accès étroit. C'est comme si une ville de 2 millions d'habitants était située au bout d'une impasse étroite, avec tout la circulation dense qu'on peut imaginer. Si l'aéroport de Dakar ne se trouvait pas à l'intérieur de la ville, il serait très facile de la couper du reste du monde avec 2 gros camions pour bloquer l'unique route d'accès.
Je me souviens que le technicien du magasin type Décathlon m'a dit qu'il pourrait reconstruire mes patins de frein usés avec un nouveau caoutchouc collé sur l'ancienne base. Donc je n'irais pas là bas uniquement pour trouver une clé de chaine, mais aussi pour voir si nous pouvons vraiment reconstruire les plaquettes de freins Magura (ce qui est bien sur contraire aux recommandations du fabriquant, mais comme il n'ont aucuns centre de maintenance entre l'Espagne et Johannesburg…).
Je commande des cuisses de grenouille au restaurant pour immortaliser mon dernier soir de confort au campement de Mboro et je me prépare mentalement à plier bagage pour me diriger vers Dakar.
vous pourriez demander le propriétaire du magasin pour construire une chaine.
Il sont a plusieurs idées comment construire pour trouver par le biais de google.
https://encrypted.google.com/search?q=chain+whip+diy&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=VEewUbatPIy1PerpgagB&ved=0CDUQsAQ&biw=1440&bih=785
Continuez à rouler !