Jbel Sarhro

Je suis désormais sur l'axe principale Errachidia – Agadir, une très longue route traversant le Maroc d'ouest en est en passant par le Haut et le Moyen Atlas. Je projette de la suivre jusqu'à la côte atlantique. Aujourd'hui elle doit me mener jusqu'à Ouarzazate.

La météo d'hier était pessimiste quant au temps sur la région, alors je suis heureux de me réveiller sous un grand ciel bleu.
Il commençait à faire gris, froid et le vent soufflait de plus en plus dans les montagnes d'Agoudal. J'ai donc bien fait d'en sortir à temps. Pour en revenir à ma route, j'ai remarqué une alternative à la route principale sur ma carte: une autre route/piste pittoresque qui passe par le jbel Saghro dans l'Anti-Atlas avant de rejoindre la route principale à Tazenakht. Cela représente 250km au lieu de 200km. C'est une bonne affaire si l'on considère qu'il y aura moins de circulation et de plus beau points de vue. A ce propos j'ai trouvé beaucoup de sites internet du genreQuel est l'état de la route au..." écrit par des conducteurs de 4 × 4 conducteurs et qui parlent de cette route justement. Et ces sites s'accordent à dire que cette route vaut le coup d’œil, même si elle n'est pas forcément facile à négocier. Et puis quand même, après avoir traversé le Moyen et le Haut Atlas, je ne peux pas passer à côté de l'Anti Atlas sans y jeter un coup d’œil. En ce qui concerne Ouarzazate, je n'y perd pas grand chose en l'évitant. On l'appelle "la porte du désert", mais c'est plutôt une grande ville sans intérêt. La seule chose à voir serait les studios de cinémas, où Gladiator et de nombreux films à gros budget ont été tournés.



Donc je me dirige vers les montagnes du jbel Saghro et le col de Tizi n'Tazazert. En cours de route, je trouve de vrais cookies, c'est-à-dire avec du chocolat, et je fait le plein de pain afin de pouvoir m'aventurer sur cette route déserte jusqu'à Iknouen. Au programme: 40km de route asphaltée suivis par 60km de piste.

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Montagnes en vue, cette fois c'est l'Anti-Atlas

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Je découvre une astuce pour empêcher les enfants de stopper leurs jeux pour me courir après en criant "un bonbon" ou "donne-moi quelque chose”. La zone est assez vide, mais de temps en temps il y a une maison avec un ou plusieurs enfants. Les enfants comme les adultes n'aiment pas être pris en photo et le simple fait de sortir mon appareil photo de son étui transforme un "bonbon !" en un "noooon !" qui les stoppe dans leur élan.

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La mauvaise nouvelle est qu'il y a des nuages qui m'attendent au loin, et que ceux qui sont derrière moi se rapprochent. Comme les prévisions annonçaient une amélioration à partir d'aujourd'hui je décide de poursuivre en espérant qu'il disparaîtrons.

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Pompes à essence pour sortir l'eau des puits à l'amener aux champs

Malheureusement ces nuages finissent par me rattraper lors d'un arrêt dans un magasin à Ait Marsit, là où la piste démarre. De petites balles blanches se mettent à tomber, qui se transforment très vite en flocons de neige, puis en très gros flocons de neige. La nuit approche et le sol est couvert de neige. On est à 2000m et je dois encore franchir le col de Tizi n’Tazazert à 2350m. Je suis là, dans le magasin, à attendre. Mais je serais bien incapable de dire ce que j'attends.

Entre en scène Youssef, qui m'invite à rester chez lui. Il semblerait qu'il y ait pas mal de touristes "normaux" sur cette piste en pleine saison, c'est-à-dire du printemps à l'automne en excluant les semaines les plus chaudes de l'été, et il a l'habitude d'en héberger quelques uns. Nous voilà donc chez lui, à 50 mètres du magasin (il y à 300 habitants à Ait Marsit), en train de regarder la neige tomber de plus en plus fort, ce qui me fait dire que j'aurais du rester à Boumalne-Dadès. La première neige de l'année, en tout cas ici, interrompt le signal satellite de la télévision toutes les 20 minutes. Mais nous passons un bon moment lors du repas en famille où l'on sert la partie la plus savoureuse et la plus subtile de la chèvre: la tête.

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J'ai de la chance au milieu de ces chutes de neige

Le réveil est difficile, je suis encore fatigué et, étant abrité sous quatre couvertures, je dois affronter une énorme différence de température avec le reste de la pièce (et encore plus avec l'extérieur). Le frère est déjà parti à l'école et nous petit déjeunons avec du pain trempé dans le miel et l'huile d'olive. La journée s'annonce froide mais magnifique: le ciel bleu immaculé est de retour. J'en oublierais presque le gris, le brouillard et la soirée enneigée d'hier, si les montagnes derrière la maison n'étaient pas vêtues d'un manteau blanc.

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L'atelier de Youssef avec un poste de soudage, une forge et une installation de tourneur de bois

La première tâche de la matinée consiste à terminé mon ascension du col de Tizi n’Tazazert. Il y a seulement 300 mètres à gravir pour arriver à 2350 m d'altitude. Ça gèle. J'aperçois le Haut Atlas derrière moi, couvert de neige également. La route-qui-n'était-pas-encore-ouverte-mais-que-j'ai-empruntée entre Agoudal and Dadès doit être pire et complètement impraticable. On peut dire que j'ai été chanceux de pouvoir traverser.



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Sur le chemin montant à Tizi n’Tazazert

Une fois atteint le sommet du Tizi n'Tazazert, la vue est superbe. J'ai la surprise de trouver un café-auberge au sommet, et un autre un peu plus loin. Il y a une femme avec des chèvres qui se promène dans le coin également. Elle à l'air contrariée de me voir prendre les animaux en photo. Le vent qui souffle fort renverse mon appareil photo monté sur son trépied.

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Vue depuis les 2350m du Tizi n’Tazazert

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L'auberge

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C'est parti pour la descente, droit au sud

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Une autre partie de de l'Atlas et un autre point de vue fantastique

A partir de maintenant cela devrait descendre sur 50km jusqu'à Nkob, avec des points de vue magnifiques à foison. Mais la descente n'est pas une partie de plaisir. J'avance aussi vite qu'un escargot à cause des pierres qui jonchent la piste. Parfois j'ai plus la sensation de descendre des escaliers que rouler sur un chemin. Je crois un camion qui déverse du gravier sur la route à certains endroits, mais cela n'améliore pas vraiment les conditions. Heureusement que le fantastique panorama est là pour rattraper les choses.

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Je devrais rejoindre la rivière et l'oasis plus tard

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Du vent une piste en escalier

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"travaux" sur la route

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La promenade d'un homme

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Une fois arrivé au bas de la montagne, j'ai encore 20 km à parcourir le long de l'oued. La terre est cultivée à certains endroits et, comme d'habitude, cela créé un contraste saisissant entre le vert luxuriant et le sol qui est pierreux et hostile dès qu'il n'est pas irrigué. Ici, les pompes à essence sortir l'eau des puits et les canaux la distribue aux champs des alentours.

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Au bout de la ligne électrique

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Oasis

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Les bébés chèvre ne sont-ils pas aussi mignons que les chatons ?

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Fin de l'oasis

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Après l'oasis, les derniers kilomètres de piste sont à nouveau spéciaux. Il y a quelques mines de phosphate mais à part ça, c'est une terre de désolation. On dirait qu'un volcan à anéanti toute vie et tout espoir.

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J'atteins enfin Nkob et la route asphaltée, mais il est déjà 17h. Étant bien fatigué, je décide de rester ici et je trouve une belle casbah avec douche chaude illimitée pour 50dh et je vais faire quelques étirements sur le toit.

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Nkob

Le centre de Nkob abrite de nombreuses casbahs. Il y a de très jolies et très récentes avec des touristes sur le toit. Et d'autres, fatiguées, avec des chèvre dans la cour.

Il est temps d'aller manger. Je m'offre un peu de viande grillée. Les rues commencent à se vider et les gens s'engouffrent dans les cafés pour aller voir le match de la Champion's League avec Barcelona. Ceci à un pouvoir d'attraction sur les hommes qui est bien plus puissant que celui de l'appel à la prière de la mosquée.

Quand je vous disais que le foot et FCB - Real c'est quelque chose d'important ici...

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Le boucher Amazigh supporte autant le Barca que le Maroc

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A la boucherie d'en face, on supporte plutôt le Real Madrid

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Voici l'arbitre: une Picerie