Je m'octroie une demi journée de repos pour profiter du spectacle qu'offrent les gorges du Ziz et pour retourner aux sources d'eau chaude d'Hammat Moulay Ali Cherif, mais cette fois-ci dans la partie couverte. Cela représente un petit 30km mais avec le thé et les discussions, les journées marocaines passent très vite.
La piscine intérieure des bains de Moulay Ali Cherif n'a rien à voir avec celle de l'extérieur. Comme celle de Moulay Yacoub, elle est réputée pour soigner les rhumatismes et la maladie de la peau. L'entrée est à 10dh sans compter le seau d'eau qu'il faut louer pour 10dh dans une des échoppes à l'extérieur. A contrario la piscine extérieure est gratuite (mais "secrète" !). Dans le bâtiment cela ressemble à un hammam avec une piscine au milieu. Il n'y a personne dans celle-ci, à cause de l'eau: elle est brulante. Je ne peux pas y laisser mes pieds plus de deux secondes. Ce n'est pas du tout une piscine où on peut s'immerger, et j'en n'en comprends pas du tout à quoi elle sert.
Les gens prennent de l'eau bouillante pour se laver à côté de la piscine, puis ils se content d'observer l'eau. Soudain je vois les plus courageux sauter à l'eau pour y rester quelques secondes seulement. Celle-ci est pompée de manière mécanique pour être amenée dans la piscine mais elle ne sent pas le sulfure. Je commence à saisir la technique des locaux: il faut entrer là où la piscine est peu profonde, s'asseoir, lever les bras et les jambes (les parties du corps où l'on se brûle le plus facilement) jusqu'à ce qu'on n'y tienne plus, puis sortir rapidement et ressembler à un homard.
La pompe s'arrête de fonctionner pendant 10 minutes, et je saute sur l'occasion pour suivre le rituel plusieurs fois. Zaid dit que l'eau est à 52° C. Je n'ai aucun moyen de le confirmer mais je dirais à coup sûr au-dessus de 46° C. Je ne sais pas si c'est très pour le corps, mais ce qui est sur c'est que c'est moins relaxant que l'immersion dans une piscine où l'eau serait seulement chaude, et non pas bouillante. Ma peau reste rose pendant un certain temps jusqu'à ce que je sorte pour aller boire un thé et faire le chemin du retour à vélo.
La route qui longe les gorges de Ziz est parfaite avec sa faible circulation. J'achète un chèche pour me couvrir la tête et le visage et je me remet en route vers le désert. À la fin des gorges, je serai directement dans la partie plate du Sahara.
Errachidia est LA grande ville de la région, avec près de 100 000 habitants. Il y règne cependant une atmosphère de gros village, grâce à l'absence de grand bâtiment et à la présence d'un petit centre ville. La route bien large et les portes marquant l'entrée de chaque quartier lui donne un aspect administratif. J'ai aussi entendu dire que l'armée est très présente ici.
C'est le pire moment de la semaine pour faire du shopping : un vendredi à 13h. Je trouve cependant une sorte de supermarché qui vend des trésors occidentaux, c'est-à-dire des marques chères et savoureuses, ce qui me permet de faire une réserve de bon chocolat.
Je vois de nombreux vélos en ville, dans laquelle on circule facilement grâce aux très larges avenues. A la sortie, je vois même un panneau spécialement fait POUR les vélos !
Après Errachidia , la route entre dans le désert. Au début je pensais filer à l'ouest vers la côte atlantique. Puis j'ai changé d'avis pour descendre jusqu'à Erfoud avant de bifurquer à l'ouest. Et au final, comme les dunes de sable de Merzouga n'étaient plus très loin, j'ai décidé d'aller y faire un tour à vélo.
La route s'annonce assez ennuyeuse avec tout ces kilomètres de désert, mais elle change brusquement pour descendre au fond d'une grosse faille dans le sol. Je retrouve la rivière Ziz, poursuivant sa route vers le sud au sortir des gorges, mais cette fois-ci bordée de palmiers.
Le changement est bienvenu et je peux aller me cacher dans les palmiers pour le nuit.
Au réveil il fait 4°C dans ma tente. La matinée est fraiche. Par contre j'ai chaud dès que j'arrête de pédaler. Finalement le plus agréable, c'est quand je suis sur le vélo.
Je fais une pause pour observer un phénomène étrange à quelques centaines de mètres de la route: un grand jet d'eau vertical au milieu d'une zone désertique.
Cette source rejette de l'eau vers le ciel depuis une vingtaine d'années. Elle contient trop de fer et de sulfure pour être potable. On ne peut même pas l'utiliser pour l'agriculture. Le sol à une belle couleur mais il n'y a pas grand chose qui pousse autour.
Je ne serais pas surpris si le Sahara avait de grandes flaques d'eau partout sous le sable. Le gars du coin qui vend des souvenirs m'explique qu'ils utilisent des machines pour chercher de la "bonne" eau, à des profondeurs moins importantes que celle d'où provient l'eau chargée de fer.
J'arrive à Erfoud, la dernière ville de taille relativement importante avant le sable du désert, où je croise beaucoup de vélos. Je trouve également un magasin de téléphonie qui accepte de m'échanger mon téléphone Sunrise simlocké. J'ai appris qu'il fallait débourser 20 ou 30 dh pour débloquer ce modèle, alors je l'ai échangé contre un nokia déjà débloqué.
La route est encore longue jusqu'à Merzouga, plus que je ne le pensais. J'ai un petit vent de face et les bornes kilométriques constituent ma seule distraction. Les dunes de Merzouga sont une attraction populaire et très touristique. C'est là où les gens vont quand ils font un trek de quelques jours dans les dunes à dos de chameau et qu'ils campent dans la nature. Le désert n'est pas très attirant et ressemble à un champ de pierre sans limite, du coup la beauté de Merzouga détonne face à ce paysage et attire les voyageurs depuis les villes de Fès et Marrakech, situées à un ou deux jours de route.
Le dunes de sable sont visible dès la sortie de Rissani. Cela dit elle sont encore à 30km d'ici.
J'atteins Merzouga et suis les panneaux destinés aux touristes pour trouver un endroit où dormir. J'ai l'impression d'être dans un village constitué uniquement d'hôtels. Ils s'appellent kasbah, riad ou encore ksar, et ce sont tous des endroits haut de gamme à deux pas des dunes. C'est presque rigolo de marchander dans ces lieux, les prix tombent très rapidement. Mais ils restent toujours plus cher que les hôtel situés en général vers la mosquée du centre ville. J'ai la chance de tomber sur l'auberge des frères Belkacem. Un endroit simple et peu onéreux, où je pourrai me reposer pendant deux jours et marcher un peu dans les dunes de sable.
C'est la saison morte et le centre de la petite ville de Merzouga est mort lui aussi. Il y a juste un café-restaurant, quelques épiceries qui sont court de pain ce soir et des magasins pour touristes peu convaincants.
Il n'empêche que c'est une expérience unique de grimper sur les dunes après avoir laissé le vélo (qui n'aime pas particulièrement le sable) à la maison. La frontière algérienne est à 50km, Tombouctou à 52 jours à dos de chameau, les motos s'amusent dans le sable, mais il est facile d'en faire abstraction pour se concentrer sur un point à l'horizon et ressentir l'immensité du désert.
Des dunes de sable incroyables... complètement impressionné comme toujours... besoin de m’éloigner de la Suisse ennuyeuse même si j’ai déménagé dans la plus grande ville que la Suisse peut offrir... 😉
On dirait un peu les dunes d’Oman... 🙂 Observez les chameaux 😉
Câlins