J'ai du mal à trouver à manger ce matin. Même si je suis à Saint-Izaire, la principale zone de vie des 10 ou 15 km aux alentours, il n'y a aucune boulangerie dans le village. J'obtiens finalement un sandwich dans le seul et unique restaurant et je prends la route vers le sud. Je ne rencontre presque presque personne sur la route. Les villages sont déserts et on dirait que la région n'est plus habitée depuis un bout de temps. J'aperçois quelques personnes, mais le plus souvent ce sont des chasseurs qui se préparent au bord de la route. Et j'entends des coups de feu venant de la forêt...
Les températures sont beaucoup plus froides que lors des jours précédents. La météo avait avait prévu cela, ainsi que de la neige, et elle ne s'est pas trompée malheureusement. Le vent est également de la partie, un vent d'est. Les choses ne vont pas trop mal jusqu'à Beaumont-sur-Rance, lorsque je me rends compte de ce qui va me tomber dessus: le Massif Central est de retour ! Il s'agit en fait cette fois-ci du Haut-Languedoc, et il me fait passer de 200 m à 1000 m, à la limite entre l'Aveyron et le Tarn.
Ca se rafraïchit bien lors de l'ascension, et une fois passé de l'autre côté d'une colline noyée sous la brume, il fait encore plus froid. Malheureusement il n'y a aucun paneau indiquant le col à 1000 m, du coup je rate l'occasion de prendre la photo. De l'autre côté du col se trouve la ville de Lacaune, perchée à 800 m au milieu d'un massif de moyenne montagnes. Il fait 3° d'après un affichage public.À 14h, la dame de l'office du tourisme m'informe que la neige, prévue pour aujourd'hui, n'arrivera en fait que dans la soirée. Je dois me dépêcher de partir pour atteindre Brassac, située 20km plus bas. Je retrouve Cyril qui se joint à moi pour les prochains jours. Nous ferons la traversée des Pyrénées et iront jusqu'à Barcelone ensemble. Il fait encore froid mais c'est plus supportable qu'à Lacaune.
Nous faisons quelques kilomètres en descente jusqu'à Cambounès, où une petite pluie nous rattrape. Ce n'est pas très méchant mais nous demandons à nous abriter à l'entrée du village et finalement on nous propose carrément de nous héberger.
Le lendemain matin nous avons la chance de pouvoir faire la descente jusqu'à Mazamet sans pluie. Notre itinéraire est désormais très simple, nous pédalons juste vers le sud. Nous faisons une exception avec un détour de 5 km pour voir la Routes des Usines, une section de route entre Mazamet et Carcassonne où se trouvait autrefois l'industrie de la tannage. Maintenant ce n'est plus qu'un bout de route truffé d'usines désaffectées. On ne travail plus le cuir ici, à l'exception d'un employé que nous avons rencontré et qui manipule tout seule une dizaine de machines.
Afin de changer de route et continuer en direction de Castelnaudary au lieu de Carcassonne, nous prenons une route sans issue qui apparait uniquement sur Google Maps (celui-ci ne l'indique pas comme étant sans issue en plus). Nous arrivons ainsi au village médiéval d'Hautpoul, perché sur une formation rocheuse au-dessus de la ville de Mazamet. Mis à part le vent qui souffle très fort, c'est très beau et la vue est splendide. C'est désert et tranquille, car les voitures ne sont pas autorisées. Les rues étroites et escarpées sont en effet interdites aux voitures, alors qu'à vélo ça passe. Enfin... en poussant un peu à la main.
La route nous emmène en haut de la Montagne Noire, à 800 m, sous une petite averse. On ne s'attendait pas à devoir grimper autant mais au final ça se passe bien. Cependant, une fois arrivés au “sommet”, marquant la limite entre le Tarn et l'Aude, la neige nous tombe dessus, et continue pendant toute la descente qui s'ensuit. Ca fait mal aux lèvres et aux joues. Pour affronter ce temps, Cyril a un masque de ski et moi des lunettes de soleil.
Nous faisons une brève escale à Cuxac-Cabardès, avant de descendre dans la vallée. Le ciel bleu réapparaît comme par magie, comme s'il n'a jamais cessé d'exister, la route est à nouveau sèche et nous nous sentons mille fois mieux que sous la pluie. La moindre petite chose paraît tout de suite mieux. Nous traversons l'autoroute (par au-dessus), la ligne de train (par en-dessous) et le Canal du Midi, qui marque le point le plus bas de notre route jusqu'aux Pyrénées. J'ai remarqué que je garde les lunettes de soleil oranges non plus comme une protection contre la pluie, mais plutôt comme une drogue, afin de voir le paysage avec des tons beaucoup plus agréables que le bleu froid qui domine en réalité.
Alors que nous demandons l'autorisation de nous abriter du vent en installant nos tentes derrière un mur, un fermier nous offre le gîte dans une ancienne chambre froide, juste un peu avant d'atteindre une ville qui s'appelle Montréal (il y en a plus d'une). Nous faisons un festin de produit locaux, avec en plus des bananes au chocolatet nous dormons au chaud à même le plancher.
Dès que nous (essayons) de nous lever, la dame qui nous accueille dans son « le frigo » nous offre des oeufs. Après une conversation agréable nous installons enfin les bagages sur nos vélos et nous partons, un peu tard, vers 10:30.
Nous visitons la collégiale à Montréal, mangeons un peu (plus) et partons.
La route jusqu'à Mirepoix est difficile. Avec le vent de face, et dans le meilleur des cas soufflant depuis l'Ouest. Il n'y a pas de pluie et il fait plutôt beau, mais le vent fait son office et rends la journée désagréble. En plus je trouve le moyen de rouler dans le bas coté sur une branche morte qui reste coincée à l'intérieur de ma roue avant et réussi à déloger mon garde boue de son emplacement. Il y a plus de peur que de mal et nous nous remettons en selle (par pour longtemps vu le vent qui souffle) pour atteindre Mirepoix, où nous visitons la belle place centrale.
Nous repartons ensuite plein sud vers Lavelanet et nous empruntons, non pas la route principale, mais la "coulée verte", qui est une piste cyclable sur une ancienne voie ferrée remise à neuf. C'est agréable, surtout au coucher du soleil, quand nous apercevont les ruines d'un château sur une colline. Il s'agit de Lagarde.
Le château a été construit à partir du XIème siècle. Il est maintenant en ruines. Nous en approchons et découvrons un endroit où dormir, dans un sous-sol dégagé, à l'abris du vent et des ânes qui errent dans le coin.
J’espère que tu as autant apprécié le Montréal français, que moi le Montréal canadien! 🙂
Hmmm, j’ai apprécié les pizzas chaudes de la boulangerie, sinon …
Je suis passé hier par un Mont-Ral en Catalogne, c’est peut-etre aussi un cousin du tien!
Ca alors: deux visages connus! C’est marrant de voir que tu fais (ou as fait) un bout de chemin avec Cyril!
En tout cas je suis toujours ton blog avec autant de plaisir tous les matins avant de commencer à travailler! Merci pour ce voyage par procuration! 😉
Hé oui! Une petite semaine ensemble, loin d’etre la plus facile et de loin la plus froide.