La traversée des volcans d'Auvergne

Alors qu'il est temps pour moi de quitter ma grange, mes vêtements sont encore humides, voir trempés. Il fait froid dehors, et les premiers kilomètres ne sont pas agréables du tout. J'ai trouvé refuge dans les magasins de Massiac pour finir de me sécher et j'en profite pour prendre différents petits déjeuners. Vers 11h environ, je me sens prêt et décide d'entamer mon plat principal : 50 kilomètres tout en montée. Le soleil est enfin de la partie et cela fait une énorme différence.



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Je quitte ma grange

Sur le chemin je rencontre le monsieur qui m'a montré l'électricité et l'eau la veille. La route oscille doucement sur le plateau que je viens d'atteindre. Il est habité principalement par des bovins. Et des chiens en colère dans les fermes qui bordent la route.

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Gros engin d'exploitation minière

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Far Cantal-West

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24 MW au milieu des vaches

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Un autre col … je peux commencer une collection maintenant

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Allanche

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Et encore un … col de Montirargues, 1139 m

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Ca se passe bien jusqu'à ce que je rencontre un panneau "Col du Pas de Peyrol : fermé" sur la route. Si c'est vrai alors ça voudrais dire qu'il me faut emprunter la route des gros camions jusqu'à Aurillac et rater la vue sur les volcans, autrement dit la raison pour laquelle j'ai grimpé jusqu'ici.

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Pas de Peyrol : fermé

On est déjà en novembre – plus proche de décembre que du 1er – et il fait froid, mais je ne vois pas pourquoi un autre col à 1300m serait ouvert et pas celui-ci à 1589m. Après tout, j'ai déjà poussé mon vélo dans la neige au col du Jaman en Suisse, alors je continue, quitte à faire deux fois la meme erreur.

Le panneau "Col: fermé" apparait encore deux fois mais la vallée est magnifique et le soleil s'apprête à disparaitre derrière le col. Je vois clairement le contour taillé à la serpe des montagnes. C'est un strato-volcan, du coup le payage donne l'impression que quelque chose à explosé ici.

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Frank et Andy sont passés par là - ca ressemble bien à un récente étape du Tour de France

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Et maintenant dans les traces de Cadel Evans

Je maintiens un bon 10 km/h dans les parties les plus raides et j'ai le bout des oreilles comme une braise. Mais dès que je passe à l'ombre, je me rends compte à quel point il fait froid. Plus pour longtemps, car le col du Pas de Peyrol est là, à 1589 mètres. En fait il est fermé à cause de travaux sur une petite portion de route. Je suis content d'avoir insisté et de pouvoir admirer le paysage. C'est une double célébration, celle du plus haut col jusqu'ici et celle du 1 000e kilomètre atteint lors de l'ascension.

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L'ombre du Puy Griou
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Pas de Peyrol, 1589 m, le plus haut col du Massif Central

Je peux remettre ma veste et mes gants et profiter de la descente. Pas trop vite et en faisant attention, car aujourd'hui j'ai déjà glissé légèrement sur une plaque de glace, sur une partie triste et sournoise de la route qui ne vois pratiquement pas le soleil de la journée. Il fait déjà un peu sombre, mais le paysage vaut vraiment l'ascension (c'est le plus haut col du Massif Central). Je m'arrête de temps en temps de peur de rater un virage à force d'admirer le paysage...

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La lune derrière le Puy Mary à 1787 m

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Le Puy Griou vu du Pas de Peyrol
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Vue sur ma descente

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Puy Griou

En imaginant que je récupère 1 ° C par 100 m d'altitude perdu (c'est à dire 2 km de route sur cette face sud du col), mes doigts vont bientôt dégeler et je dormirai mieux. J'arrive à la première ville post col, Mandailles-Saint-Julien, dans l'obscurité naissante de la soirée. Curieusement pour un de ces villages de montagne où tout est fermé pour le mois, il y a encore un magasin (presque) ouvert et je peux acheter du fromage local qui fait copain-copain avec mon saucisson auvergnat pour me constituer un bon dîner. Il fait 2° C à l'extérieur mais je commence à m'habituer à cette plage de température. Si seulement je pouvais mettre de la fraîcheur de coté pour plus tard, quand j'en aurai besoin …

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Dîner à la maison




Une nuit au chaud plus tard et je suis à nouveau debout pour ce qui semble être mon dernier jour au paradis des cols. Deux choix s'offrent à moi pour sortir d'ici. Je peux soit descendre la vallée jusqu'à Aurillac, soti changer de vallée pour prendre une route qui va tout droit vers le sud, à Laguiole, mon objectif de la journée. Comme j'ai choisi cette deuxième option je dois quitter la vallée par la manière forte : un col à 1309 m ( 350m d'ascension depuis ici) m'attend au saut du lit.

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Dernière vue sur les volcans. Tous ces sommets étaient en activité jusqu'à il y à 7 millions d'années. La vallée est en fait une caldeira qui s'est effondrée.

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J'ai dû forcer un peu pour celui-ci, bien pentu. Col de Pertus, 1309 m

Je descends de l'autre côté, à Saint-Jacques-des-Blats, dans la vallée de la Cère. Ce passage a été également au programme du Tour de France, en 2011. J'ai un peu de descente, mais doit monter à nouveau, pour la dernière fois. Mais cette fois, mes cuisses prennent feu déjà dès le début. Elles brûlent quand je pousse dessus, elles en ont vraiment marre (moi aussi) avec cette région qui ne connaît pas les routes plates.

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Le dernier col, Curebourse, 997 m

Ce col est situé le long de la voie romaine et tire son nom de la taxe dont les voyageurs devaient s'acquitter pour pouvoir poursuivre leur voyage.

Je suis alors enfin à la sortie du Massif Central et peut profiter de la route plate de l'Aveyron jusqu'au Laguiole.

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Avec ça, je pense que j'ai fait le tour des découvertes culinaires de l'Auvergne

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Noms de villages en dialecte local

Le paysage n'est en réalité pas plat du tout. C'est une grosse désillusion. Je suis maintenant sur un plateau entre 800 et 1200 m, et c'est toujours en train de virer, monter ou descendre. Je suis constamment entre 2 montées.

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le lac de Sarrans, son barrage tout moche et ses 2 portes toutes moches pour l'évacuation de l'eau en cas de crues

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Une station électrique de 3 x 40 plus 1 x 63 = 183 MW

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Barrage de Sarrans : 225 m de long, 105 m de haut, 450 000 m3800 000 tonnes de roches, 400 000 tonnes de sable, 100 000 tonnes de ciment et 300 tonnes de dynamite

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La construction du barrage sur 5 ans a nécessité l'accueil de 3000 travailleurs en provenance d'Europe et d'Afrique

La route ne cesse de serpenter sur les collines et je vois la nuit arriver à grand pas. La pression pour rallier Laguiole, ville des couteaux et du fromage (une bonne combinaison) me donne l'énergie supplémentaire qui me manque et j'arrive en ville quelques minutes après le coucher du soleil. Je trouve la maison de Fabien où je suis accueilli chaleureusement par ses parents. Le Massif Central c'était super, mais maintenant je ne veux penser qu'à des routes faciles et des températures plus clémentes.

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