Alors qu'il est temps pour moi de quitter ma grange, mes vêtements sont encore humides, voir trempés. Il fait froid dehors, et les premiers kilomètres ne sont pas agréables du tout. J'ai trouvé refuge dans les magasins de Massiac pour finir de me sécher et j'en profite pour prendre différents petits déjeuners. Vers 11h environ, je me sens prêt et décide d'entamer mon plat principal : 50 kilomètres tout en montée. Le soleil est enfin de la partie et cela fait une énorme différence.
Sur le chemin je rencontre le monsieur qui m'a montré l'électricité et l'eau la veille. La route oscille doucement sur le plateau que je viens d'atteindre. Il est habité principalement par des bovins. Et des chiens en colère dans les fermes qui bordent la route.
Ca se passe bien jusqu'à ce que je rencontre un panneau "Col du Pas de Peyrol : fermé" sur la route. Si c'est vrai alors ça voudrais dire qu'il me faut emprunter la route des gros camions jusqu'à Aurillac et rater la vue sur les volcans, autrement dit la raison pour laquelle j'ai grimpé jusqu'ici.
On est déjà en novembre – plus proche de décembre que du 1er – et il fait froid, mais je ne vois pas pourquoi un autre col à 1300m serait ouvert et pas celui-ci à 1589m. Après tout, j'ai déjà poussé mon vélo dans la neige au col du Jaman en Suisse, alors je continue, quitte à faire deux fois la meme erreur.
Le panneau "Col: fermé" apparait encore deux fois mais la vallée est magnifique et le soleil s'apprête à disparaitre derrière le col. Je vois clairement le contour taillé à la serpe des montagnes. C'est un strato-volcan, du coup le payage donne l'impression que quelque chose à explosé ici.
Je maintiens un bon 10 km/h dans les parties les plus raides et j'ai le bout des oreilles comme une braise. Mais dès que je passe à l'ombre, je me rends compte à quel point il fait froid. Plus pour longtemps, car le col du Pas de Peyrol est là, à 1589 mètres. En fait il est fermé à cause de travaux sur une petite portion de route. Je suis content d'avoir insisté et de pouvoir admirer le paysage. C'est une double célébration, celle du plus haut col jusqu'ici et celle du 1 000e kilomètre atteint lors de l'ascension.
Je peux remettre ma veste et mes gants et profiter de la descente. Pas trop vite et en faisant attention, car aujourd'hui j'ai déjà glissé légèrement sur une plaque de glace, sur une partie triste et sournoise de la route qui ne vois pratiquement pas le soleil de la journée. Il fait déjà un peu sombre, mais le paysage vaut vraiment l'ascension (c'est le plus haut col du Massif Central). Je m'arrête de temps en temps de peur de rater un virage à force d'admirer le paysage...
En imaginant que je récupère 1 ° C par 100 m d'altitude perdu (c'est à dire 2 km de route sur cette face sud du col), mes doigts vont bientôt dégeler et je dormirai mieux. J'arrive à la première ville post col, Mandailles-Saint-Julien, dans l'obscurité naissante de la soirée. Curieusement pour un de ces villages de montagne où tout est fermé pour le mois, il y a encore un magasin (presque) ouvert et je peux acheter du fromage local qui fait copain-copain avec mon saucisson auvergnat pour me constituer un bon dîner. Il fait 2° C à l'extérieur mais je commence à m'habituer à cette plage de température. Si seulement je pouvais mettre de la fraîcheur de coté pour plus tard, quand j'en aurai besoin …
Une nuit au chaud plus tard et je suis à nouveau debout pour ce qui semble être mon dernier jour au paradis des cols. Deux choix s'offrent à moi pour sortir d'ici. Je peux soit descendre la vallée jusqu'à Aurillac, soti changer de vallée pour prendre une route qui va tout droit vers le sud, à Laguiole, mon objectif de la journée. Comme j'ai choisi cette deuxième option je dois quitter la vallée par la manière forte : un col à 1309 m ( 350m d'ascension depuis ici) m'attend au saut du lit.
Je descends de l'autre côté, en diection de Saint-Jacques-des-Blats, dans la vallée de la Cère. Ce col figurait au Tour de France, en 2011. J'ai un peu de descente mais doit monter à nouveau pour le dernier col. Mais cette fois, mes cuisses sont en feu dès le départ. Ca brûle quand je pousse, elles en ont vraiment marre (et moi aussi) de ce pays qui ne connais pas les routes plates.
Ce col est situé le long de la voie romaine et tire son nom de la taxe dont les voyageurs devaient s'acquitter pour pouvoir poursuivre leur voyage.
Je suis enfin sorti du Massif Central et je peux profiter de la route plate de l'Aveyron jusqu'à Laguiole.
Le paysage n'est en fait pas plat du tout. C'est une désillusion. Je suis maintenant sur un plateau qui oscille entre 800 et 1200m, sans lignes droites et sans parties plates. Je suis toujours entre 2 côtes. En fait, ce que je fais aujourd'hui equivaut à mon plus grand dénivelé positif cumulé sur une journée avec 1710m. C'est plus que le col d'hier et plus que n'importe quelle journée dans les Alpes Suisse, alors que je n'ai aucun gros col à passer.
La route ne cesse de serpenter sur les collines et je vois la nuit arriver à grand pas. La pression pour rallier Laguiole, ville des couteaux et du fromage (une bonne combinaison) me donne l'énergie supplémentaire qui me manque et j'arrive en ville quelques minutes après le coucher du soleil. Je trouve la maison de Fabien où je suis accueilli chaleureusement par ses parents. Le Massif Central c'était super, mais maintenant je ne veux penser qu'à des routes faciles et des températures plus clémentes.
Bon à savoir que vous ne trouvez pas la neige sur chaque passage vous êtes... même si fermé ! Il semble que vous étiez alons sur route du massif central : est-ce vrai ? Pas d'hommes, seulement les vaches ?
vrai... c'est la basse saison, il faut même sous l'eau, il n'y a aucun touriste et peut-être les seuls à rester sont l'un en prenant soin du bétail
JB, après vous via votre site régulièrement... belles photos, de s'interroger sur le paysage... profiter et prendre soin !
Merci jens !