69 Rhône, 42 Loire, 63 Puy-De-Dôme, 43 Haute-Loire, jusqu'à la frontière du 15 Cantal. Et la traversée de quelques unes des plus longues rivières et fleuves de France, le Rhône (812 km), la Loire(1012km), l'Allier (420 km).
Je suis reparti de Lyon après 2 bonnes journées passées avec Aurélien et Diane. J'ai pu trouver un trépied ShinTakeshi pour remplacer mon Takeshi, et une carte SIM en remplacement de celle de l'Orange, qui invente constamment de nouvelles façons d'escroquer ses clients en créant des termes techniques inutiles juste dans le but de les facturer un peu plus a posteriori.
Nous trouvons un moyen de sortir de Lyon facilement, car je n'aime pas avoir à faire attention aux motos, aux voitures et aux piétons cachées entre celles-ci. C'est dangereux et non compatible avec ma philosophie du vélo, qui consiste en quelque sorte à profiter en regardant vers le haut, à gauche, à droite. La piste cyclable le long du Rhône est parfaite et magnifique. Elle m'amène au sud de la ville, aux portes de la tranquille banlieue pavillonaire située à l'ouest. Il fait chaud et pour la première fois en France, je pédale sans ma veste et je porte une seule couche de vêtements.
J' effectue une brève escale à Chaponost afin de voir l'aqueduc romain encore bien conservé. Il a été construit au Ier siècle et comportait même des siphons pour franchir les vallées avec une perte de pression minimale.
L'inconvénient de planifier un itinéraire avec Google Maps, au lieu d'une bonne vieille carte papier avec les noms de ville ET les niveaux d'élévation, est que je ne peux pas dire si je vais en baver ou non. Bon, je pourrais quand meme prévoir en me basant sur les petits virages en épingle... mais après tout, plus c'est difficile plus c'est beau. Donc je m'engage sur la route d'Yzerdon. Il semblerait qu'elle grimpe sur 10 kilomètres. Cela se passe bien, grace à mes jambes qui sont en bon état, et je passe ainsi de 200 mètres à 777 mètres d'altitude. Et me voici à nouveau dans un climat froid …
Mais la vue est belle et je décide, étant donné que je suis « en haut», de rester en hauteur et de continuer jusqu'à Saint-Martin-en-Haut, ainsi que d'autres villages situés sur les hauteurs. Je complète ma collection de villages-qui-aiment-ajouter-plein-de-mots-dans-leur-noms avec Saint-Symphorien-sur-Coise et puis, un peu plus bas, avec Saint-Galmier. C'est la ville natale de la Badoit. Je rencontre Laurent sur son vélo qui m'explique les meilleurs choix de route pour mes prochains jour et, pendant ce temps-là, le brouillard se lève et envahit la vallée. Il ne pleut pas, le temps n'est pas un mauvais, mais en pédalant sur 200 mètres, on peut recueillir suffisamment de particules d'eau pour se retrouver avec une veste et des cheveux trempés. Le niveau d'humidité est incroyable. Je dois camper mais je suis sûr de trouver ma tente humide le matin, comme s'il avait plu. Au moins les températures sont plus chaudes. Il fait 10° C dans ma tente alors qu'il faisait 5° C à la meme heure de la soirée il y a 4 jours. C'est mieux pour éviter d'avoir les orteils et les doigts gelés ( les doigts gelés ne sont pas l'idéal pour déclipser les attaches des arceaux de la tente, c'est un peu comme essayer de taper un texto sans gants sous la neige)
Après un réveil à rallonge (pas vraiment désireux de quitter mon nid douillet au chaud et au sec pour me retrouver à l'extérieur dans le froid et l'humidité), je suis enfin habillé et sur la route. Le double toit de ma tente est trempé à cause de la brume et de l'humidité. Je ne vois pas grand chose dans ce brouillard et, comme les voitures, je pédale avec mes lumières allumées. J'ai besoin de réajuster mes vêtements au bout de 2 minutes, mes doigts étant déjà congelés. Toujours à Saint-Galmier, je me rends à l'usine Badoit, juste pour voir si je peux obtenir de l'eau de la source. Et c'est possible ! il y a un genre de kiosque/chalet ou les locaux viennent remplir des centaines de bouteilles plastique avec de la Badoit gratuite. Je fais de même avec mes 2 bouteilles. Elle est moins pétillante que la Badoit qu'on achète, mais elle à bien le meme goût que celle-ci.
Pendant toute la matinée, je ne vois pas à plus de 100m, jusqu'à ce que j'atteigne une altitude de 600 m vers midi. Alors seulement je peux voir combien les villages autour de moi sont jolis et verdoyants. J'ai effectue un arrêt au restaurant à Gumières pour me remplir l'estomac et surtout pour mettre ma tente à sécher au soleil l'extérieur.
Il n'y a aucun réseau de téléphonie dans les environs, le déjeuner m'a bien calé et ma tente a complètement séchée. Avec ces bonnes nouvelles je continue à grimper rapidement et atteins le Col des Limites à 1157 mètres, la frontière entre deux départements, la Loire et le Puy de Dôme. Tout ca pour descendre vers Saint-Anthème, puis regrimper à 1196 m au Col des Pradeaux. Toute ces routes en montée s'achèvent par une descente finale de 10 km sur Ambert où je trouve un endroit pour dormir dans le terrain de camping fermé.
Je dors bien et au chaud, c'est pourquoi je suis surpris de trouver des morceaux de glace sur et dans ma tente. Partant rapidement, je n'ai pas le temps de sentir le froid, parce que je suis déjà sur la route d'un col. En cours de route, je fini les restes de nourriture accumulés jusqu'ici, des bananes, du jambon et du Morbier. Je ne prends pas la route plus facile, c'est certain, mais sûrement l'une des plus silencieuce. Je réussis à pédaler 10 km en plein milieu de la route sans être dérangé par une seule voiture. Les villages sont également désertés... Novembre est la très basse saison, après l'été, mais avant l'hiver. La plupart des magasins sont fermés, et ceux qui sont « ouverts » ont des horaire bizarres.
Après le premier col à 1085 m, la route ne laisse pas le temps de me reposer, avec un deuxième col qui approche déjà: le Suc des Trots à 1115 m (enfin bon, il ne s'approche pas tout seul, en plus il masque une grande descente qui me faisait de l'oeil). Je reçois des gouttelettes d'eau, mais je continue. J'effectue un bref arrêt à Saint-Germain-l’Herm, à l'office du tourisme, où on m'informe que la pluie s'arrêtera dans la soirée. Je reprends donc la route avec la perspective de faire ma grande descente, méritée, sous la pluie. J'ai le choix entre la casquette et les lunettes de soleil afin d'éviter la pluie dans les yeux, et ayant déjà 2 choses sur la tête (il fait froid), j'opte pour la deuxième solution. Mes verres étant oranges, ils transforment les tons bleus du paysage pluvieux en teintes plus chaudes, ce qui me ferait presque oublier la pluie.
J'arrive à Brioude, traverse l'Allier, et la pluie s'arrête. Je suis pas mal trempé. Je fais quelque pas sur "la terre ferme" et la sensation de lourdeur dans mes orteils (un peu similaire à celle qu'on ressent dans la mâchoire après une visite chez le dentiste) s'envole. Il me reste 1-2 heures de lumière du jour, quelques kilomètres de plus à parcourir et je dois trouver un endroit pour passer la nuit entre quatre murs vu que ma tente, ma veste, et mes chaussures sont mouillées.
La route de Massiac me mène sous le viaduc de Montgon, 567 mètres de long pour 40'000 tonnes de béton et 2000 tonnes d'acier, et enfin à Grenier-Montgon où je trouve des panneaux signalant un gîte. Je suis content d'arriver là, juste après la voie ferrée mais, finalement, il n'y a personne. C'est fermé. L'agriculteur exploitant le champ voisin m'autorise à rester dans la grange qui se trouve là, avec de l'eau et de l'électricité.
Je ne sais pas si mes affaires vont sécher, mais pour l'instant, j'ai un repas chaud, de la musique et internet …
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